Totalement inhumaine
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Totalement inhumaine
par Tang Loaëc

 

Essai, pamphlet et prédiction d’apocalypse, ce livre parle de l’intelligence artificielle en oscillant entre ces trois styles. Truong se place dans la perspective de la disparition inévitable de l’être humain, dans 4,5 milliards d’années, sous l’effet de la transformation du soleil en géante rouge. L’auteur ne croit pas en la vraisemblance des exodes interstellaires et prie, au nom de la science, MM. Lucas et Spielberg de revoir leurs scénarios.

La poursuite de l’odyssée de l’intelligence ne serait donc possible que sans l’homme, condamné par la corruptibilité de sa chair, comme toute forme de vie biologique, carbonée. L’homme, serait ainsi le cul-de-sac de l’évolution, une merveille de sophistication en pure perte.

L’auteur ne croit plus en l’homme, les camps de la mort de toutes obédiences ne lui permettent pas de le voir beau, tant l’horreur est souvent la contrepartie de nos grandeurs. Pourtant, une immense espérance - c’est Truong qui l’écrit - permet de combattre le vide de sens d’une épopée humaine ainsi promise au néant : l’avènement d’une intelligence artificielle élaborée, qui deviendrait le Successeur de l’homme.

L’enjeu est la persistance d’une intelligence dans l’univers après la disparition de la nôtre et donc, le sens même de notre existence en tant que chaînon de l’évolution et que passeur. Que la gestation de cette nouvelle forme de conscience soit menée à terme grâce à l’homme et " nous serons excusés d’avoir existé ".

L’intelligence n’est pas déterminée par la matière, biologique ou minérale, de son support. Elle est une structure et un degré de complexité dans les relations qui s’y établissent. Les neurosciences, dans la branche de cette discipline s’intéressant à l’intelligence artificielle, s’accorderont sur cela comme F. Herbert s’y accordait aussi dans DESTINATION VIDE.

L’interconnexion des ordinateurs du monde entier, au travers les réseaux internets, avec des canaux de communication tous les jours plus nombreux et une capacité de traitement tous les jours plus massive, crée une telle structure. La possibilité d’émergence d’une conscience artificielle se concrétise donc, même si à l’origine elle sera peut-être frustre. Le développement d’agents processeurs autonomes, ou encore e-gènes, sous forme de logiciels se reproduisant à une vitesse croissante, est le balbutiement de la nouvelle vie. Même si cette reproduction n’est pas encore autonome, elle use de l’homme aujourd’hui pour un jour s’émanciper.

Malgré son regard aiguisé, Truong agace au fil des paragraphes, par une sorte de volonté acharnée de prophétiser la fin d’un projet humain dans lequel il ne place aucun espoir. Au nom de l’évolution, il prophétise l’abdication de l’espèce humaine devant ce Successeur. De ce dernier l’auteur dit peu, renonçant d’emblée a appréhender ce qu’il sera, tout en affirmant que, mieux que nous il pourra vaincre un danger situé à l’horizon de milliards d’années.

Malgré l’envie qu’il suscite sur certains points de le démentir, ou à cause d’elle justement, cet essai en langage souvent imagé vaut un détour. Mieux vaut se laisser agacer qu’endormir.

Par ses travaux théoriques dans les domaines de la logique et des probabilités, Alan Mathison Turing est considéré, sinon comme le fondateur des ordinateurs, en tout cas comme l'un des pères spirituels de l'intelligence artificielle.

Tang LOAËC

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