Le Successeur de pierre
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Cher Monsieur,

veuillez trouver ci-joint quelques réflexions que m'a inspiré votre roman "Le successeur de pierre" que j'ai dévoré avec le plus grand plaisir.
Vous avez mis le doigt sur deux menaces de notre futur proche, soit ! A quand votre prochaine apocalypse ?
Le réchauffement de la planète est un sujet déjà abordé, un retour aux fondamentalismes patauge déjà dans le sang, le temps de la croyance béate en un avenir nécessairement meilleur que le présent s'est effondré avec la fin d'un monde divisé en deux blocs.
Demain peut être désormais pire qu'aujourd'hui.
C'est le legs de la génération qui prétendait avoir découvert la plage sous les pavés. Houellebecq avec ses Particules n'y était pas allé de main morte, lui aussi.

Vous avez l'espoir désespérant.
Mais je crains fort que vous ne soyez incontournable, y compris d'abord, pour contrer ce que vous redoutez. La folie des hommes est parfois égale à leur sagesse. Nous balançons entre le bien et le mal qui nous habitent et jusqu'à présent, nous nous en sortons plut»tmieux que mal en point. Enfin c'est selon l'endroit de la planète que nous habitons et échappés à ce XXème siècle qui compta deux guerres mondiales et des dizaines de conflits coloniaux.
En attendant, continuez à écrire, à réfléchir, à divaguer, à élucubrer. Votre prose est génératrice de réflexion, ce qui console de bien des niaiseries en cours sur les étranges lucarnes ou dans d'autres livres.
Au plaisir de vous lire, on the Web, ou dans vos livres.

Gérard Planterose

LE SUCCESSEUR DE PIERRE

Lu après "Totalement inhumaine"

Qualité romanesque incontestable. On est pris par le récit. Les rebondissements dignes des meilleurs feuilletons conditionnent le lecteur et le tiennent en haleine. On en a pour son argent et l'auteur doit en être chaleureusement remercié.
Preuve est faite que les meilleurs romans de S-F, dont il fait partie, sont à notre époque ce que furent les contes philosophiques au XVIIIème siècle.
Il s'agit de notre futur proche, compte tenu de la vitesse à laquelle va le cours des choses.

Demeurent des problèmes de fond qui me restent en travers de l'entendement :

- il semblerait que l'existence de Dieu, cette invention des hommes, fruit de leur intelligence pour expliquer ce qu'ils ne comprenaient pas ne soit nullement remise en cause;
- réapparition du "sauveur", du "rédempteur", du héros récurent des films de l'Empire US, le James Bond ou le Bruce Willis de service qui prend les aspects de Calvin et va sauver l'humanité. On aurait préféré Luther, mais passons.
- l'intelligence est "intelligente" de toute éternité! Pourquoi n'aurait-elle pas, elle aussi, une histoire?
- l'Univers aurait un sens, différent du sens unique du temps;
- crainte absolue de l'Absurdité de cet Univers et orgueil insensé de croire à l'éternité de l'Intelligence que l'on peut confondre, sans la confondre vraiment, mais quand même, avec le Verbe selon la tradition judéo-chrétienne toujours en cours;
- perpétuation de la bonne vieille malédiction biblique à l'égard des hommes coupables d'avoir voulu être des hommes en passant du stade animal à celui d'être connaissant et pensant. (On a beaucoup appris ces derniers temps sur l'intelligence animale). Nos outils et nos connaissances font notre malheur. Là serait à la fois le péché originel et notre malédiction !
- "réhabilitation" plaisante de Teilhard de Chardin l'homme de la réconciliation du catholicisme et de la science, l'inventeur de l'homme de Pékin;
- le Web serait le mal absolu, et nous aliènerait plus qu'il ne nous libérerait;
- mise en place d'une peur quasi millénariste de la soumission de l'humanité aux instruments qui l'asservissent parce que devenus indépendants de leur créateur;
- en résumé, nous sommes en grand danger! Réveillons nous!

Le tout repose sur l'affirmation de Jeshua à Pierre, habituellement appelé Simon, lorsqu'il lui déclare: "Tu es Pierre et sur cette pierre" Ce qui, en anglais donne: "You are Peter and on that stone" Chit! Ca ne fonctionne plus!
Mais ce n'est pas grave, nous ne sommes jamais que dans l'écrit et ce n'est pas nous qui allons sacraliser l'écriture.
"l'homo sapiens sapiens" est en train de devenir "homo siliciens siliciens", enfin une infime partie de l'humanité si j'en juge par la répartition du nombre d'ordinateurs par foyer. d'autant que la première condition pourêêtre "branché" exige une source d'énergie électrique. Ce qui est loin de concerner tout le monde.
Certes, c'est bien parti, et la dénonciation du gouffre qui se constitue entre ceux qui accèdent à l'information et ceux qui en sont privés est tout à fait justifiée.
Mais rappelons qu'il existait déjà avant l'apparition de la Toile, entre ceux qui avaient accès à l'écrit et ceux qui demeuraient analphabètes.
l'informatique, loin d'en atténuer la profondeur l'a encore creusé. Nous sommes d'accord.

Mais par ailleurs, il ne faut pas non plus mythifier le Réseau qui s'avère à la fois merveilleux et parfois bien décevant.
Certaines pensées, systèmes, découvertes, peuvent être tenues cachées voire être effacées encore plus facilement que les livres qui ont, quoiqu'on dise encore de beaux jours devant eux.
A preuve! N'est-ce point à cause des livres que vous avez écrits, sûrement via une machine à traitement de texte, que je m'excite les neurones et, grâce au Net que je peux prolonger ma lecture en osant écrire à son auteur?

Comme toute invention humaine, tout outil, les systèmes informatiques que nous utilisons sont ambivalents. Une petite cuiller à café peut servir à diluer le sucre ou à énucléer. Une religion peut épanouir ou asservir. l'actualité quotidienne nous le prouve. Les bombes humaines ne sont possibles que si l'on réussit à persuader les volontaires qu'ils vont accéder à la vie éternelle et connaître les jouissances du Paradis.
Remarquons au passage que les conseilleurs, une fois de plus, ne sont pas les payeurs!

N'oublions jamais la ratage médiatique du Pape le jour où il fut victime d'un attentat. Au lieu d'être transporté sur l'autel de Saint Pierre de Rome, comme le chef des croyants devrait agir, afin que Dieu, devant les caméras de la Télé, accomplisse un miracle et le guérisse de par sa volonté, pfuitt! pinpon pinpon vers la meilleure clinique de Rome avec les meilleurs chirurgiens. Quel ratage!
Khomeiny aussi eut des doutes quant au pouvoir et la bonté infinie d'Allah à son égard et passa par la salle d'opération.
Pourtant, l'image du Christ qui nous est donnée au travers des évangiles est bien celle d'un guérisseur autant que celle d'un philosophe. Quant aux définitions usuelles de Dieu, il est "omniscient, omnipotent et éternel."
A ce propos, que signifie "ressusciter quelqu'un d'entre les morts". Est-ce le ranimer jusqu'à ce qu'à nouveau il meurt de vieillesse ou, est-ce le faire vivre ad vitam aeternam?
Si proposition deux, comme dirait Spinoza, où se trouve Lazare?
Que voilà un joli thème de roman! Une équipe de télévision retrouve Lazare et l'interviouve. Preuve incontestable de la déité de Jésus. Je ne vous dis pas le taux d'audience et les conversions.

Non! Décidément, ce qui compte, ce n'est pas la mort, c'est la vie, ce court laps de temps entre une expulsion d'un milieu aquatique en un milieu aérien ce qui tendrait à prouver que la vie ne sort point de la glaise, de l'argile mais de l'océan, et la cessation de la machine vivante par toute cause létale interne ou externe.
A noter l'absurdité de la Création: la vie procède de la mort. Combien de choses mortes végétales ou animales ne sommes-nous pas obligés d'ingurgiter pour survivre?
Peut-être ai-je lu trop vite "Le successeur de pierre", mais je ne me souviens pas comment les robots distributeurs de nourriture se procurent cette nourriture qui semble donc tomber du ciel comme la manne.

N'est-ce point Albert Jacquard qui a écrit que "tout individu, à l'exception des vrais jumeaux, est génétiquement unique quasiment de toute éternité" dans la mesure où la loterie génétique est telle qu'il y a fort peu de chances pour qu'il existe ou ait existé un être identique à un autre. Là se trouve la preuve de l'incommensurable valeur d'un individu avec, comme conséquence l'interdiction de le supprimer sauf sur sa demande ou si ses souffrances sont sans autre remède que la mort.
Il me plaît à croire que conscients de cela, les hommes devraient moins s'entretuer. Mais peut-être est-ce là aussi une naïveté c'est à dire une utopie qui mérite quand même d'être divulguée, enseignée, expliquée. Elle prouve que l'athéisme n'est nullement la porte ouverte à l'a-moralité comme d'aucuns voudraient le faire accroire, bien au contraire.

Mais, au moment où nos connaissances nous confirment la justesse du tabou "Tu ne tueras point"! Tabou mis en place par les religions, donc levé par ces mêmes religions. (voilà qui répond à la question: "A quoi servent les religions?"), à peine pouvions-nous appuyer ce tabou sur nos découvertes en génétique que celles-ci nous permettent de dupliquer des êtres vivants par clonage et ramènent ainsi la valeur de l'individu à celui d'une savonnette.

Je n'ai point encore lu "Reproduction interdite". Ce sera pour très bientôt, mais je suppose que vous portez une condamnation contre les applications possibles de la recherche en cours. Une recherche phagocytée par l'argent et qui semble avancer plus vite que notre capacité à la comprendre donc à la dominer.
Mais n'en a-t-il pas toujours été plus ou moins ainsi? Copernic, Galilée, Freud, Einstein... et les équipes concurrentes actuelles dont on a peine à retenir les noms des leaders. Vite, vite, être le premier pour déposer le brevet et en "profiter" économiquement; cela s'entend, d'où ces "maladies orphelines".
Mais quelle solution à cette frénésie?
La mise en garde par le roman, la S-F, l'humour, le cinéma est une bonne solution pour éveiller les consciences. Est-ce suffisant? Quelle a été l'impact ddu Docteur Follamour" ou de "La Bombe"?
Paradoxalement, ce qui a contribué à l'effondrement de l'illusion stalinienne, c'est la Guerre des étoiles et, ce qui est condamné par votre livre, la nécessité de se doter d'outils informatiques dans les différents secteurs des activités humaines.
La mise en réseau des moyens de communication performants débouche sur suffisamment de liberté d'expression pour être incompatible avec la rétention d'informations, principe de base des dictatures.
A rapprocher de l'utilisation de l'imprimerie, élément déclenchant de la Réforme et entrée de l'humanité dans la modernité.

Demeure le sujet du livre, est-ce que cette technologie n'est point encore plus liberticide et porteuse d'une dictature intellectuelle encore plus nocive?
La question mérite en effet d'être posée.

Je subodore qu'en fait, plus nous devenons dépendants de nos puces et autres inventions en Äiques et plus nous nous fragilisons. La guerre bactériologique? Bof! Par contre, une pénurie longue d'électricité et nous replongeons dans le Moyen-Age. Les leçons de la tempête de décembre 1999 n'ont toujours pas été tirées. Paris n'a pas connu de pannes! Ni Strasbourg! Ni les grandes villes. Alors...
Quels sont ceux qui ont le mieux résisté?
Les personnes suffisamment âgées pour avoir connu une époque de pénurie et dominant encore les techniques du chauffage au bois, de la gazinière à bouteille indépendante, les possesseurs de lampes à pétrole ou de fontaine manuelle à pompe aspirante et foulante.
Amusant, non? A creuser. Les Vosges que vous semblez vénérer à juste raison comme tout bon alsacien ont été en certains endroits particulièrement touchées. En quoi Internet a-t-il servi aux vosgiens des deux versants ? En particulier les lorrains bien plus touchés que les alsaciens?

Ah! Je suis absolument désolé, mais Calvin totalement épuisé par la montée du col enneigé, peu couvert comme toute larve qui n'a guère besoin d'habits chauds pour vaquer à ses occupations d'enfermée, attrape un refroidissement. Fièvre. Tash ne sait que faire. Pas de pharmacien de service, pas de portable, pas de cabine téléphonique en vue. Il a beau essayer de réchauffer le jeune homme celui-ci, à bout de forces décède et n'a pas le temps de laisser les Gnomes ronger le double-you double-you, le WonderWorld.
Tiens, tiens! Bush junior passe par là, tel le Picasso de Prévert? Fin très pessimiste.
Ou Maud arrive et Fin optimiste, hollywoodienne mais censurée puisqu'elle ramène l'humanité à l'ère d'avant la Peste.

Sauf, qu'on ne peut pas aller en arrière bien longtemps. Exemple Kaboul et les talibans qui l'osèrent en trichant. Mentalité du Haut Moyen-Age et armes et moyens de communications d'aujourd'hui. Des imposteurs!
Face à un cow-boy, autre imposteur. Mais apparemment pas trop mal entouré.
A suivre.
Ce n'est qu'un début quelle que soit l'issue inévitable pour le richissime "cerveau" de cette organisation terroriste qui... Mais les états terroristes, il n'y a que cela ou presque, voir "Le Monde Diplomatique" de ce mois-ci. Passons vite! Ca sent le Croissant verreux et la Croix Brûlée du KKK.

Mais le Successeur, non vraiment, merci bien. On ne succède jamais à soi-même.

Chaque être humain est un grain de sable du Sahara par rapport à l'univers. Ce qui est étonnant, c'est d'en être conscient et d'avoir la sagesse d'accepter l'absurdité de sa condition.

La vie vaut la peine d'être vécue à condition de savoir en tirer le maximum de plaisir, ce qui revient à entraîner ses sens, sans jamais les lasser.
Philosopher, certes, mais comme nous l'enseigne Epicure, "d'abord vivre en philosophe."

Et puis quelle philosophie pourrait bien sortir d'une machine complexe qui aurait pété les plombs et "réfléchirait" en toute indépendance par rapport à ses créateurs ? Aucune! A moins que nous ne retombions dans un nouveau pari pascalien...

Mon humanisme primaire me dicte que je puis être bien plus perturbé, conditionné, influencé, aliéné par votre livre que par la machine sur laquelle je frappe et qui m'aide en réalité à essayer de penser librement.

Penser librement! Encore une utopie qui mérite qu'on l'entretienne, non?
Pas facile cet exercice pour peu que l'on ait digéré quelques milliers de pages et que l'on soit conscient que l'on est toujours peu ou prou le produit de son temps... c'est à dire bientôt peut-être être génétiquement modifié à défaut d'être vraiment mutant.

Non! Ce qui me turlupine et m'angoisse un peu, c'est que notre capacité à penser n'a guère évolué depuis quelques milliers d'années alors que nos moyens d'action ont été décuplés par les progrès de nos technologies et cela dans un temps historique court comme l'a si bien compris Hobsbawn.

Qu'en aurait dit F. Braudel ce découvreur et spécialiste du temps long?

Là est Le Problème de notre époque, et le point de rencontre entre vous et votre lecteur reconnaissant.

Très cordialement,

Gérard Planterose

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