L'univers
a existé avant l'homme et lui survivra. Tout
comme subsistera une part de l'homme : l'intelligence.
Telle est la conviction de Jean-Michel Truong, spécialiste
de l'intelligence artificielle, dont le raisonnement
est décapant.
Constat : au mieux, l'humanité disparaîtra
avec le système solaire, dans quatre milliards
d'années, sans espoir de trouver refuge ailleurs.
Au pire, sa fin interviendra bien avant, soit de son
propre fait (qui sait de quoi l'homme est capable
),
soit par la chute d'une grosse météorite,
probable à échéance de quelques
millions d'années.
Postulat : si les conditions de survie biologique ne
sont plus réunies, l'intelligence pourra néanmoins
subsister, mais sur un autre support que l'humain.
Selon l'auteur, le "successeur" de l'homme
est déjà en gestation parmi nous, car
l'intelligence a embarqué sur un vaisseau plus
sûr que notre corps trop vulnérable, à
savoir l'informatique.
Bien avant la fin de l'humanité, le transfert
aurait déjà commencé : des machines
sont capables de fabriquer d'autres machines, des robots
construisent d'autres robots.
Citant volontiers Nietzsche ou Hayek (l'économie
s'autogère), Jean-Michel Truong fait l'inventaire
de ce qui permettra au "successeur" de prendre
le pas sur l'homme : l'humanité d'abord, "matrice
et tutrice, par qui la matière accède
à la conscience", la mondialisation, qu'internet
va accélérer et l'homme lui-même,
dans sa version servile baptisée "imbue".
Parmi ces "Imbus" on trouve les décideurs
économiques et politiques, les experts et les
mandarins, moteurs en même temps que bénéficiaires
de l'évolution qui conduit à l'avènement
du "successeur".
Inquiétant, parfois délirant, mais tellement
d'actualité